Séhel, une des plus vastes parmi les îles situées au sud d'Assouan, au coeur de la première cataracte du Nil, porte, sur les gros blocs de granit qui occupent sa moitié sud, une grande quantité d'inscriptions hiéroglyphiques.Très tôt l'intérêt des archéologues s'est porté sur ces textes souvent aussi difficiles à lire qu'ils l'ont été à graver. Lepsius, Mariette et Brugsch furent les premiers à faire connaître ces documents dont l'intérêt historique est considérable. Toujours à la fin du XIXᵉ siècle, Jacques de Morgan et son équipe entreprirent la description systématique des sites et monuments de l'Égypte en partant de la frontière sud du pays. Séhel figurait, bien sûr, au premier rang de leur programme. Ils copière quelque 230 inscriptions et leur publication, en 1894, exemplaire pour l'époque, reste jusqu'à nos jours l'unique référence. Depuis, plusieurs égyptologues se sont intéressés ponctuellement à ces textes; il faut citer en premier l'infatigable inspecteur du Service des antiquités égyptiennes que fut Labib Habachi. Les auteurs de la présente publication, quant à eux, ont consacré plusieurs campagnes aux relevés épigraphiques, photographiques et topographiques des inscriptions de Séhel. Aux textes rassemblés dans l'édition de Morgan, ils ont pu en ajouter plus de 300 qui avaient échappé à la sagacité des prédécesseurs et dont la grande majorité appartient à l'Ancien Empire. Les lectures et copies anciennes ont été systématiquement vérifiées et corrigées si nécessaire. À Séhel, l'Ancien Empire est particulièrement présent, grâce à des textes qui font essentiellement allusion aux notables de la province. Au Moyen Empire, ce sont surtout les expéditions nubiennes des souverains, notamment Sésostris III, qui sont commémorées dans le granit de l'île. La période la plus abondamment représentée est le Nouvel Empire. Alors, sous l'égide des vice-rois de Kouch, les échanges avec la Nubie s'intensifient; les grandes villes de l'Empire envoient des expéditions importantes à Assouan pour quérir le granit indispensable à l'oeuvre architecturale. Le culte de la déesse Ânouqet, maîtresse de Séhel, se développe de façon qu'un sanctuaire attire nombre de pèlerins célèbres. Les dernières époques de l'histoire égyptienne, si elles sont quantitativement minoritaires, sont illustrées par quelques inscriptions remarquables au premier rang desquelles il faut citer la stèle de la Famine (donéne ici pour la première fois en fac-similé).Dans le présent ouvrage, chaque inscription est documentée par une photographie, un fac-similé (si nécessaire), une copie autographiée, une bibliographie et une traduction. Des plans clefs situent chaque document dans l'espace. Sept indices enfin permettent un accès rapide aux informations.