C’est dans le cadre du North Sinai Agricultural Development Project (NSADP), mis en œuvre en 1986, en faveur du développement de terres agricoles et irrigables dans la région, et la construction du canal de la paix (El-Salam canal) – reliant la ville actuelle d’El-Arish au delta du Nil – que la mission franco-égyptienne, sous la coresponsabilité de Dominique Valbelle et du Dr. Mohamed Abd el-Maksoud, a débuté ses activités sur le site de Tell el-Herr puis, plus extensivement, en 1992, dans la basse région pélusiaque, sous l’égide de l’Unesco et du ministère des Antiquités égyptiennes (projet archéologique de sauvetage du Nord-Sinaï). Favorisée par une position géographique privilégiée, à proximité du littoral méditerranéen, de la branche pélusiaque et de la route terrestre reliant l’Égypte à la Palestine (les « Chemins d’Horus »), la région accueillit, dès les débuts de son histoire, un réseau de fortins destiné à protéger la frontière la plus orientale du Delta des incursions venues de l’Est. Une succession de postes-frontières s’est ainsi développée progressivement le long du cordon littoral, en bordure des lagunes saumâtres formées lors de la transgression flandrienne, à proximité de l’actuelle ville de Qantara (Tell Héboua et Tell el-Borg, notamment), dans un premier temps, puis, plus à l’est, non loin de l’antique cité de Péluse, dans un second temps. Au cours du Ier millénaire, s’établirent donc successivement les garnisons de Tell el-Ghaba, de Kédoua/T. 21 et de Tell el-Herr.
Situé à 35 km à l’est du canal de Suez, à proximité du village actuel de Gilbana, le site de Tell el-Herr est avant tout un poste-frontière (Migdol/Magdolum), édifié au cours de la première moitié du Ve s. av. J.-C., sous la XXVIIe dynastie achéménide. Les investigations conduites sur le site, dès les débuts du NSADP, en 1986, par la mission franco-égyptienne, ont révélé plusieurs forteresses successives, associées à des quartiers d’habitations et des bâtiments imposants, édifiés en briques crues, au cours des Ve et IVe s. av. J.-C.