Religion et alimentation sont intrinsèquement liées. La religion, en particulier antique, a besoin de la nourriture pour donner forme au rite : les aliments, en tant qu’offrandes, circulent entre l’ici-bas et l’au-delà, depuis les hommes qui les présentent aux dieux et aux morts, puis en retour, depuis les dieux – parfois les morts – qui garantissent l’abondance et les fruits de la terre. Au cœur des pratiques alimentaires, la religion impose sa marque en contribuant à la fabrique d’un cadre normé, qui est aussi vecteur d’identité. Elle désigne ce qui est consommable, donc tenu pour pur, et ce qui ne l’est pas, fixe les règles de préparation des mets, du champ à la cuisine, et édicte des normes de conduite au moment de leur consommation. C’est précisément parce que la notion de norme est au cœur de l’une comme de l’autre, que religion et alimentation sont des moyens privilégiés d’interroger les sociétés, de les comparer entre elles, et de souligner les spécificités de chacune. Le présent ouvrage, collectif et pluridisciplinaire, a pour objectif de préciser la place de la nourriture dans les mythes et les pratiques rituelles, et de définir la nature et l’importance de la marque religieuse dans les pratiques alimentaires. Fondé sur une démarche comparative, il rassemble 17 articles, aussi bien des études de cas que des travaux de synthèse portant sur l’Égypte, la Mésopotamie, l’Anatolie et le Levant, du IIIe millénaire à l’Antiquité tardive.
Religion and food are intrinsically linked. Religion, especially in Antiquity, requires food to form the rite: food as offerings permits the circulation between this world and hereafter, from the living making offerings to the gods and the dead and then in return, the gods – and sometimes the dead – through the abundance of harvests offer food to the living. At the heart of food practices, religion imposes its mark by contributing to the manufacture of a standardized framework, which is also a vector of identity. It designates what is edible, therefore considered pure, and what is not; it creates the rules for preparing food, from the field to the kitchen, and sets standards of conduct at the time of consumption. It is precisely because the notion of norm is at the heart of both, that religion and food are privileged means to question societies, to compare them, and to underline the specificities of each. The present work, which is collective and multidisciplinary, aims to clarify the place of food in myths and ritual practices, and to define the nature and importance of the religious mark in food practices. Based on a comparative approach, it brings together 17 articles, both case studies and synthesis works on Egypt, Mesopotamia, Anatolia and the Levant, from the 3rd millennium to late Antiquity.