Issus de fouilles de l'Ifao menées au début du XXe siècle, ce sont plusieurs milliers d'ostraca «littéraires» datant du Nouvel Empire qui ont été découverts à Deir al-Médîna, le village des artisans de la Tombe royale, sur la rive ouest de Thèbes. Ils portent, dans leur grande majorité, les exercices d'étudiants plus ou moins avancés dans l'étude des divers aspects du métier de scribe. Les pièces rassemblées dans ce volume ont été choisies afin d'illustrer cet apprentissage progressif des belles-lettres en Égypte ancienne. Le débutant est suivi pas à pas dans ses premiers essais d'écriture puis dans des exercices de vocabulaire sur les anthroponymes, toponymes ou noms royaux, par exemple. Ces connaissances indispensables acquises, l'étudiant pouvait s'exercer sur les textes classiques - «sagesses» et «enseignements», hymnes et récits littéraires. Les plus expérimentés - ou les plus doués - d'entre eux devaient alors copier, et sans doute mémoriser, les grandes compositions littéraires, dans la cursive ramesside qu'ils étaient censés posséder parfaitement: nombre d'ostraca émaillés de corrections dues au maître ou à l'élève lui-même révèlent cette phase capitale des études; elle est surtout illustrée ici par l'Enseignement d'un homme à son fils. L'assimilation de la paléographie du Moyen Empire, conçue peut-être comme l'aboutissement du cursus, était sans doute considérée comme un des exercices les plus difficiles, ce dont témoigne un grand nombre de passages de la Kemyt, texte essentiel dans la formation du parfait lettré.