Les Arméniens et les Grecs appartenant au même espace impérial pluriethnique byzantin puis ottoman, entre Europe et Asie, ont été confrontés aux mêmes contraintes nées de l’apparition des États-nations. Leur tropisme ancien les amenant à se disperser en diasporas marchandes sur le continent eurasiatique ne s’est-il pas appuyé sur un lien communautaire dont la dimension religieuse a toujours été fondamentale ? Les massacres et génocides dont ils ont été victimes, de la fin du XIXe siècle à la première guerre mondiale, ont beaucoup contribué à renforcer leur dispersion en deux diasporas mondiales.
Cet ouvrage aborde la plupart des dimensions de ce phénomène : la famille et la parenté, les réseaux associatifs et entrepreneuriaux, les identités ethno-culturelles dans leurs rapports à la langue et à la littérature, les iconographies et la mémoire, le rôle que l’État-nation grec ou arménien entend jouer vis-à-vis de ses périphéries diasporiques, les mobilités et la multipolarité... La mise en regard de ces deux peuples-monde ne contribue-t-elle pas à éclairer la complexité de deux processus de dispersions migratoires provenant d’un même espace d’origine, aboutissant souvent dans les mêmes pays d’accueil, mais conservant chacun leurs spécificités politiques et culturelles ?