Philippes

Le site de Philippes est situé en Grèce du Nord, dans la région de Macédoine orientale, à environ 160 km à l’Est de Thessalonique, entre les villes de Kavala et Drama. Cité grecque fondée dans une aire de peuplement thrace, colonisée plus tard par les Romains et visitée par l’apôtre Paul, Philippes s’est durant des siècles trouvée à cheval entre l’Orient et l’Occident, sur la principale route qui menait de l’Italie à l’Asie Mineure par Byzance.

La région du site de Philippes était, à l’époque archaïque, peuplée par les Thraces, une population indo-européenne établie au Sud-Est de la péninsule balkanique. Des Grecs, venant de l’île voisine de Thasos, s’installèrent par la suite dans les environs, attirés par les ressources minières des montagnes entourant la plaine de Philippes. Un premier établissement, du nom de Krénidès (« Les Sources ») fut alors créé en 360 av. J.-C. à l’emplacement du futur site de Philippes. L’établissement thasien fut conquis quatre ans plus tard par le roi de Macédoine Philippe II, le père d’Alexandre le Grand, qui donna son nom (« Philippes ») à la nouvelle cité qu’il y fonda.

Philippes devint l’une des plus importantes cités de la partie orientale du royaume de Macédoine. C’est sous ses murs qu’eut lieu, en 42 avant J.-C., l’une des batailles décisives des guerres civiles romaines, entre Brutus et Cassius, les assassins de César, et les héritiers de ce dernier, Antoine et Octave (le futur Auguste). A l’issue de la bataille, qu’il avait remportée, Antoine installa ses vétérans sur le vaste territoire de la cité macédonienne. A partir de ce moment, Philippes devint une colonie romaine, où le latin remplaça le grec comme langue officielle et où les descendants des soldats romains accaparèrent le pouvoir.

Abandonné au XIVème s., le site fut décrit par divers voyageurs depuis la Renaissance et étudié pour la première fois par Léon Heuzey en 1861. Ce n’est qu’au début du XXème s. qu’il commença à faire l’objet d’investigations systématiques, de la part de l’Ecole française d’Athènes qui y organisa une première mission d’études en 1914. Dans l’entre-deux-guerres, des fouilles d’envergure permirent de mettre à jour le centre monumental de la colonie romaine et les basiliques chrétiennes. Le travail de l’École française d’Athènes est, depuis les années 1950, complété par celui des services archéologiques grecs, de la Société archéologique d’Athènes et de l’Université de Thessalonique. La récente construction d’une route de contournement du site archéologique permet d’envisager, dans les années à venir, de nouvelles fouilles de grande ampleur dans le centre de la ville antique.