Les trois siècles situés entre l’arrivée des premiers Occidentaux au Japon en 1543 et la réouverture du pays en 1853 marquent le terminus de la première mondialisation entreprise par le Portugal et l’Espagne. C’est aussi l’époque de la rencontre entre des cultures qui s’ignoraient jusqu’alors. Le combat entre le christianisme et le bouddhisme, les changements dans la politique locale et le rapide bannissement de l’immense majorité des « Barbares du Sud » du Japon, en dehors des Néerlandais, firent naître un autre type d’histoire connectée : celle des livres, des objets d’art, des œuvres de fiction, des controverses religieuses. Aujourd’hui, il n’est plus possible de penser ce temps de dialogue et d’hostilité, de réussites et d’échecs et de redéfinition de la place du Japon en Asie orientale en se reposant sur la myopie respective des études japonaises ou sur des récits ayant trait à l’expansion coloniale en Asie. Par un jeu de miroirs inversés, chacun s’est plu à représenter l’altérité, premier pas vers la définition de soi. Les études réunies dans ce volume reflètent cette diversité des méthodes, mais aussi des hommes. Les spécialistes européens et japonais de ce domaine des échanges interculturels font revivre ici ces diplomaties du réel et de l’imaginaire, ces médiations qui devaient laisser une empreinte indélébile.
The three centuries between the arrival of the first Westerners in Japan in 1543 and the reopening of the country in 1853 point at the same time to the final stop of the first globalization achieved by the Portuguese and Spanish empires and to the encounter between cultures that had lived in a blissful ignorance of each other. The conflict between Christianity and Buddhism, but also shifting national policies and the rapid eviction of Western foreigners (apart from a small community of Dutch people) fostered a new version of connected histories represented in books, in works of art, in popular fictions and in religious controversies. Today it is no longer possible to analyze these three hundred years of dialogue and hostility, of successes and failures when Japan redefined its place in East Asia while relying only the nearsightedness of Japanese studies and on researches about Western empires and their colonial expansion in Asia. By a constant interplay of inverted mirrors, participants on both sides of the divide marking those first cultural encounters started to represent the ‘Other’, thereby making a first step towards self-definition. Contributions reflect this variety of methods but also the diversity of the people who used them. In this volume, Japanese and Western specialists in the field of cultural exchange bring back to life the whole array of these early modern diplomacies based on reality and on imagination, of these cultural mediations that were to leave indelible traces.