Ce livre est le résultat d’une enquête menée sur les archives les plus anciennes d’une institution originale et mal connue : la Pénitencerie apostolique. Né au tout début du XIIIe siècle dans le giron d’une papauté exerçant son pouvoir sur tout l’Occident latin, ce nouvel office fut d’abord chargé d’entendre en confession les pèlerins qui se rendaient à Rome pour demander l’absolution de leurs péchés. Puis il se vit mandaté pour répondre aux suppliques qui, chaque jour, étaient adressées au souverain pontife. L’enquête s’appuie donc sur les « formulaires » voués à recueillir, réordonner et abréger les milliers de lettres que la Pénitencerie expédiait en réponse aux suppliants. Véritables répertoires d’exemples, dans lesquels la forme et la norme étaient indissociables, ces manuels reflètent tous les cas de figure auxquels pouvait être confrontée la Pénitencerie : homicides, naissances illégitimes, mariages incestueux, faux et usage de faux, moines ayant fui leurs couvents, etc. À tous ces suppliants, le tribunal du pape avait la charge d’octroyer des dispenses, des licences ou des absolutions, parfois dans le secret du « for de la confession ». Situé au croisement d’une histoire des pratiques de l’écrit et de l’avènement des bureaucraties, du gouvernement pastoral et de la souveraineté pontificale, de la confession auriculaire et de l’espace public, ce livre entend dépasser le cadre classique de la monographie institutionnelle.
Normalien et ancien membre de l’École française de Rome, Arnaud Fossier est actuellement Maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne. Ses recherches portent sur le gouvernement de l’Église et l’Italie médiévale.