Le Brahmayāmala, connu
également sous le nom de Picumata, est l’un des plus
anciens tantra d’obédience śākta (centré sur le
culte des divinités féminines), ses strates les plus
anciennes pouvant dater du VII e ou VIII e siècle de notre
ère. Quoiqu’il ait été longtemps
plongé dans l’oubli, il s’agit d’un
document essentiel à la compréhension de
l’histoire ancienne des traditions tantriques. Cette oeuvre
monumentale, qui s’étend sur plus de douze mille stances
réparties en 104 chapitres, nous est parvenue dans un
précieux manuscrit népalais datant du XI e
siècle, lequel constitue la source principale de la
présente édition critique. Faisant suite au volume 2 du
Brahmayāmala édité par Csaba Kiss et publié
dans la même collection, ce volume inclut la première
édition et la traduction annotée de cinq chapitres de
l’ouvrage. Le texte lui-même est
précédé d’études
spécialisées de thèmes traités dans
ces chapitres, tels que les conceptions de la révélation
et du canon propres au tantrisme śivaïte, l’histoire des
rites de copulation, la mythologie de Bhairava, ainsi que
l’iconographie et le symbolisme du bâton coiffé
d’un crâne (khaṭvāṅga). À l’instar
d’autres textes publiés dans la collection Early Tantra,
cette étude du Brahmayāmala contribue à renouveler notre
connaissance du śivaïsme tantrique et plus
généralement de la religion dans l’Inde du
début de la période
médiévale.
The Brahmayāmala or
Picumata is one of the earliest surviving goddess-oriented (śākta) tantras, its
core probably dating back to the late seventh or early eighth century. Though
long forgotten, it is thus crucial to understanding the early history of the
Tantric traditions. Spanning more than twelve-thousand verses and 104 chapters,
this monumental work is transmitted in a beautiful Nepalese palm-leaf manuscript
of the eleventh century, which forms the principal basis for this critical
edition. Complementing volume II, edited by Csaba Kiss in the same series, this
volume includes the first published edition and annotated translation of five
chapters of the Brahmayāmala. The volume also presents pioneering studies on
topics these chapters illuminate: Tantric Śaiva conceptions of revelation and
the canon, the history of Tantric coital ritual, the mythology of Bhairava, and
the iconography and symbolism of the skull-staff (khaṭvāṅga). As with other
texts published in the Early Tantra Series, study of the Brahmayāmala helps
reshape our knowledge of Tantric Śaivism and religion in early medieval
India.