L’étude moderne des disciplines
intellectuelles indiennes leur impose souvent une taxinomie disciplinaire
occidentale. D’une illusoire objectivité, cette taxinomie
met implicitement en œuvre des analogies parfois trompeuses et des
techniques intellectuelles elles-mêmes frappées
d’historicité. Le recours à des
catégories occidentales comme
« indologie »,
« philosophie » et
« raison », mais aussi indiennes comme
« śāstra » se
heurte inévitablement à des objections
théoriques. Ce volume prend le parti expérimental
d’employer « scolastique »
dans un sens large, non dans la conception médiévale du
terme. Il veut éclairer le rapport entre pratiques scolastiques
indiennes et émergence des systèmes, crises et apories,
ainsi que les limites de l’appréhension des faits par les
scolastiques et leur délicate dialectique avec les pratiques
concrètes. Les contributions illustrant ces questions concernent les
techniques d’exégèse et de débat, les
doctrines, la grammaire, le droit, le rituel, la poétique et
l’astronomie.
The modern study of
Indian intellectual disciplines has often forced them into a Western
disciplinary taxonomy. The analogies introduced by this taxonomy, the
objectivity of which is largely illusory, are sometimes misleading, and rely on
Western intellectual techniques which are themselves unavoidably historical.
Resorting to such Western categories as “indology”,
“philosophy” and “reason”, but also to
Indian ones like “śāstra” inevitably
raises theoretical objections. This volume uses
“scholasticism” in a broad sense, not in the medieval
conception of the term. Its aim is to shed new light on the relationship between
Indian scholastic practices and the emergence of systems, their crises and
aporias, as well as on scholastics’ limited apprehension of facts and
their problematic dialectics with concrete practices. The contributions
illustrating these questions here relate to techniques of exegesis and debate,
doctrines, grammar, law, ritual, poetics and astronomy.