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Journées d'études Léonidas, Napoléon, Botzaris. Art et politique à l’ère des révolutions (1789-1832).
14-15 mai 2022. École française d’Athènes, Fonds national pour la recherche scientifique
Argumentaire
Lors de la chute de Missolonghi en 1826, le graveur Jean-Nicolas Laugier publia une reproduction de la toile de Jacques-Louis David de 1814 représentant Léonidas et ses compagnons aux Thermopyles, se préparant au combat. La gravure portait le titre en grec « Λεωνίδας εν Θερμοπύλαις » et était dédiée « aux Hellènes ». La longue résistance et la chute héroïque de Missolonghi face aux troupes ottomanes étaient ainsi interprétées par les philhellènes et les Grecs révoltés comme un équivalent moderne de la bataille des Thermopyles contre l’armée perse de Xerxès Ier. Quant à la mort de Markos Botzaris, le général souliote chargé de la défense de la ville lors d’un siège précédent (1823), elle fut célébrée comme le miroir par excellence du sacrifice du roi de Sparte.
Figure emblématique des valeurs patriotiques et de l’amour de la liberté, Léonidas constituait un symbole bien établi dans la rhétorique libérale de l’époque. Dès 1817, la tragédie Léonidas aux Thermopyles, publiée anonymement l’année précédente à Hydra, fut ainsi jouée parmi la colonie grecque d’Odessa, par ailleurs berceau de la Filikí Etería. La Restauration hérita d’une image de Léonidas chargée d’allusions républicaines et bonapartistes : il représentait tour à tour la vertu civique et l’amour de la liberté, les idéaux de 1789, les exploits militaires de l’Empire et les derniers souvenirs poignants de l’Empereur. Les références au héros des Thermopyles se trouvaient par conséquent associées aux idées de l’opposition libérale, qui soutenait la cause grecque à partir de 1821. Dans la rhétorique philhellène et l’imaginaire des révoltés, Léonidas et Botzaris incarnaient tous deux la défense des valeurs libérales contre le despotisme. Mieux, le symbole entrait en résonance avec les entreprises « libératrices » de la France républicaine puis impériale, et en particulier ses projets politiques orientaux après la campagne d’Égypte et jusqu’à l’Expédition de Morée (1798-1828).
On rappellera ainsi la légende tenace qui a vu dans Botzaris l’auteur – en réalité le copiste – d’un important dictionnaire de grec moderne et d’albanais (Λεξικὸν τῆς Ρωμαϊκοῖς καὶ τῆς Ἀρβανητηκῆς Ἁπλῆς) compilé à Corfou en 1809 à l’initiative de celui qui fut consul général de France à Ioannina durant l’essentiel du Premier Empire (1806-1812), François Pouqueville. L’objectif premier de ces journées d’études est de permettre à des spécialistes de différentes disciplines – archivistes, historiens et historiens de l’art – de mettre en commun leurs méthodes et de confronter leurs analyses autour de l’articulation historique et symbolique entre les trois figures de Léonidas, Napoléon et Botzaris. On cherchera notamment à réfléchir collectivement aux formes et aux modes de transferts entre politique, art et opinion publique, à une époque cruciale marquée par l’éveil du nationalisme grec et l’explosion révolutionnaire d’autre part, et de l’autre par l’abandon de l’alliance traditionnelle franco-ottomane et une série d’interventions militaires françaises en Méditerranée orientale. Une attention particulière sera notamment portée aux missions françaises dans les « terres grecques », leurs objectifs stratégiques ou scientifiques, leur participation à une meilleure connaissance de la Grèce et de ses habitants, ou encore leur rôle dans la formation de l’opinion publique européenne et du discours philhellène.
Modalités de proposition
La durée des communications est de 20 mn. La langue des journées d’études est le français.Les propositions de communications comporteront un résumé de 300 mots et une brève présentation de l’auteur (150 mots).
Envoi des propositions à :
Mathieu Grenet : mathieugrenet@gmail.com
George Tolias : gtolias@eie.gr
Alexandra Voutyra : admin@teloglion.gr
Date limite pour la réception des propositions : 1er juillet 2021