Programme | EFR, CVZ
Lettres de femmes dans l’Europe médiévale (Espagne, France, Italie, Portugal, VIIIe-XVe s.)
Responsables du projet :
Miroir de l’âme mais aussi instrument de communication et d’action politique, la lettre est un objet d’étude qui suscite, depuis quelques années, une attention particulière. Situé au croisement de l’histoire et de la littérature, le champ épistolaire offre en effet un terrain d’expérimentation privilégié pour la recherche pluridisciplinaire. Ainsi, récemment, plusieurs projets ont-ils vu le jour. C’est le cas, notamment, du programme ANR-DFG Epistola [« La lettre dans la péninsule Ibérique et dans l’Occident latin (IVe-XIe siècles) »] dirigé par Thomas Deswarte et Klaus Herbers, dédié en particulier à la correspondance pontificale et à l’étude du genre épistolaire, ainsi que des travaux coordonnés par Bruno Dumézil et Laurent Vissière.
Or si ces projets témoignent de l’importance croissante accordée à l’épistolaire, ils laissent toutefois entrevoir, dans ce domaine, des sentiers encore peu explorés, tels que celui de la correspondance des femmes. En dépit de travaux ponctuels sur la production épistolaire de quelques reines, princesses ou nobles dames, rares sont les études d’ensemble sur ce sujet. Pourtant, ces documents contiennent de précieuses informations sur la vie des femmes, sur leurs aspirations, leurs goûts, leurs aptitudes ou leur rôle au sein de la société.
MISSIVA, qui s’appuie sur un important réseau de chercheurs français, espagnols, italiens et portugais issus de diverses disciplines (philologie, histoire culturelle, histoire politique, histoire des femmes, littérature,…), propose donc un programme de recherche innovant destiné à faire avancer la connaissance du rôle que purent jouer les femmes dans le destin politique des royaumes, mais aussi au niveau social, familial ou encore culturel. La réflexion porte en particulier sur la fonction des lettres de femmes, sur leur caractère informatif et performatif, sur leur dimension politique ou littéraire, ou encore, sur les modèles et les registres qui y sont convoqués. On s’intéresse aussi à la façon dont se créent, à travers ces écrits, de véritables chaînes de médiation entre femmes. Enfin, on s’attache à rechercher, dans ces documents, des marqueurs pouvant être considérés comme spécifiquement féminins.
MISSIVA se fixe en outre pour objectif d’assurer la diffusion des résultats de ses travaux auprès de la communauté scientifique à travers la création prochaine d’une base de données où les documents seront répertoriés et édités.
MISSIVA repose sur la réunion de cinq laboratoires et institutions à rayonnement international :
- AEIHM (Asociación Española de Investigación de Historia de las Mujeres)
- CLEA (« Civilisations et Littératures d’Espagne et d’Amérique du moyen âge aux Lumières », EA 4083, Sorbonne Université)
- LECEMO (« Les Cultures de l’Europe Méditerranéenne Occidentale », EA 3979, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
- SMELPS (IF/FCT(PEst–C/FIL/UI0502, Université de Porto)
- Textes & Cultures (UR 4028, Université d’Artois)
À ces cinq laboratoires et institutions, au sein desquels le questionnement pluridisciplinaire est une priorité, s’ajoute l’École des Hautes Études Hispaniques et Ibériques (EHEHI, Casa de Velázquez) qui a intégré MISSIVA à ses programmes pluriannuels pour la période 2018-2021.
Ce programme est également soutenu par l'EFR.