La mission sous-marine du port d'Égine, fruit d'une collaboration entre l'École française d'Athènes, le MoMArch (Centre Camille Jullian, Aix-Marseille Université, CNRS) et l'Éphorie des antiquités sous-marines, a commencé le 19 août, en partenariat avec les universités de Patras, d'Athènes, du Péloponnèse, de Mainz et l'Institut Supérieur de restauration et de conservation archéologique italien.
Dans la ville d’Égine, K. Baika (CCJ-Éphorie des antiquités sous-marines), A. Perrier (EFA), et D. Koutsoumba (Éphorie des antiquités sous-marines) ont débuté en 2019 un programme de recherches sur le port antique de la ville. Il s’agit d’un programme interdisciplinaire qui porte sur la géomorphologie et l’archéologie de cet espace afin d’étudier l’évolution du port antique d’Égine sur une fourchette chronologique large, de l’époque archaïque à la fin de l’époque byzantine.
Les recherches archéologiques se sont concentrées dans la zone 2, c’est-à-dire le secteur du port militaire. On a effectué des sondages sous-marins (dim. 2 x 2 m) sur les hangars à bateaux (neosoikoi) 5, 6 et 8, auxquels correspondent les stylobates SR5, SR8 et SR6. L’objectif de ces sondages était l’étude de la stratigraphie afin d’établir une datation de ces installations et éventuellement une séquence chronologique des états de construction, l’établissement des dimensions des hangars à bateaux, l’exploration de leurs soubassements et l’étude des techniques de construction, ainsi que le relevé de marqueurs biologiques et géoarchéologiques indiquant une variation du niveau marin.
Sur le stylobate SR5 du neosoikos 5, deux sondages ont été ouverts à l’extrémité Sud de la structure (Shipshed Row 5, Trench 1 et 2). La fouille a exposé les fondations du stylobate qui reposent directement sur des pierres de taille moyennes à grandes et sur le rocher. La céramique associée à ce niveau date de la fin de l’époque classique et du début de l’époque hellénistique. On a constaté que les blocs de construction du stylobate comportent des détails indiquant un remploi (mortaises etc.). On n’a pas observé de marqueurs de niveau marin antique sur ces blocs qui devaient justement se trouver au-dessus du niveau ancien de l’eau.
Sur le stylobate SR8, le sondage TR3 a été implanté au niveau de la deuxième assise, entre l’assise B1 et l’assise B2. La majorité du sondage était recouvert d’une couche de beach-rock. À certains endroits, il a été facile de percer la couche qui a pu être retirée le long du stylobate. Ce dernier était construit en blocs de remploi portant des traces architecturales caractéristiques.
Sur le stylobate SR6, le nettoyage a été fait sur toute la longueur. Il a permis d’identifier un bloc de la deuxième assise à son extrémité. Ce stylobate est de même longueur que le stylobate SR5 : on peut donc considérer qu’ils sont entièrement conservés, du moins pour cet état de construction.
Une série de relevés topographiques, photogrammétriques et aériens a été effectuée afin de documenter les vestiges de la manière la plus précise possible.
Sous l’eau a également été menée sous la direction d’E. Nomikou (Université d’Athènes) une étude océanographique avec un véhicule sous-marin téléguidé (ROV). L’objectif était de créer une photomosaïque grande résolution de l’ensemble de la zone maritime. Parallèlement, le laboratoire de géologie maritime et d’océanographique de l’Université de Patras a effectué un relevé des fonds par sonar latéral (side-scan sonar), un relevé en profil (sub-bottom profiler) afin de produire des restitutions 3D de l’évolution géomorphologique de la paléotopographie côtière. De même, un essai de relevé acoustique et photogrammétrique des fonds à faible profondeur a été réalisé.