Le site du Ouadi el-Jarf se trouve sur la côte du golfe de Suez, un peu au sud du débouché du grand corridor du Ouadi Araba, qui connecte la vallée du Nil à la mer Rouge à la latitude du Fayoum. Il s’agit, avec Ayn Soukhna et Mersa Gaouasis, de l’un des trois ports intermittents de l’époque pharaonique qui ont été récemment identifiés sur ce rivage. Ces installations avaient toutes été aménagées pour pouvoir gagner par voie maritime soit le sud de la péninsule du Sinaï (où les Égyptiens exploitaient les mines de cuivre et de turquoise) soit le plus lointain Pays de Pount, dans la région du Bab el-Mandab. Elles n’étaient occupées que ponctuellement, lorsque l’État égyptien souhaitait organiser des expéditions navales, qui n’avaient sans doute lieu qu’à un rythme quinquennal, ou décennal.
Ces opérations étaient particulièrement difficiles à organiser : pour pouvoir embarquer sur la côte, il fallait préalablement traverser le désert oriental en transportant en pièces détachées les embarcations en bois de conifère que l’on souhaitait y utiliser, qu’il était ensuite nécessaire de réassembler sur le rivage. Pour s’épargner autant que possible cette opération pénible et délicate, ces éléments de bateaux n’étaient pas rapportés dans la vallée du Nil une fois l’expédition terminée. Ils étaient laissés sur place, avec le reste du matériel nécessaire à ces expéditions, parfois pendant plusieurs années, en attente de leur réutilisation. C’est pour cette raison que l’élément le plus caractéristique de ces ports intermittents est la présence, à faible distance de la côte, d’un système de galeries-magasins où l’on pouvait entreposer ces embarcations après les avoir à nouveau démontées.