« Quiconque aime passionnément, reste chaste et meurt, trépasse en martyr. » Muġulṭāy (m. 762/1361) fonde son sur ce hadith apocryphe qui, forgé au III/IX siècle, lui permet d’inclure dans la sphère de l’islam une passion amoureuse mortifère et profane envers une créature et de la transformer en quête de perfectionnement spirituel sous l’égide du . La thèse était audacieuse : le traité fut censuré et interdit à la vente sur les marchés du Caire. Monica Balda-Tillier livre ici une puissante reconstruction du cadre conceptuel qui présida à la rédaction du traité de Muġulṭāy. Mettant en lumière les stratégies argumentatives et narratives adoptées pour défendre le martyre d’amour contre ses détracteurs, elle propose une minutieuse enquête sur les ressorts d’une œuvre qui conduisit son auteur en prison.
“Whoever loves passionately remains chaste and dies, dies a martyr”. Muġulṭāy (d. 762/1361) bases on this apocryphal hadith, which was forged in the 3rd/9th century. It enables him to include in the sphere of Islam a passionate, deadly and profane love for a creature and therefore to transform it into a quest for spiritual perfection under the aegis of . This was a daring thesis and the treatise was censored and banned from sale in the markets of Cairo. In this essay, Monica Balda-Tillier provides a powerful reconstruction of the conceptual framework that led to the writing of Muġulṭāy’s treatise. By highlighting the strategies of argument and narrative adopted by the author to defend the martyrdom of love against its detractors, she conducts a meticulous investigation into the contents of a work that led its author to prison.