Anavlochos

Le massif de l’Anavlochos se trouve dans la région du Mirambello, zone charnière entre la Crète centrale et la Crète orientale (fig. 1). Il consiste en une longue arête Nord-Ouest/Sud-Est de calcaire dolomitique qui surplombe le village de Vrachasi, établi sur sa pente Sud (fig. 2). Le caractère naturellement défensif de cette chaîne montagneuse comme sa position stratégique ont souvent été notés. Elle contrôle en effet la gorge du Sélinari, qui mène vers la vallée de Néapolis et le centre urbain de l’antique cité de Dréros, où le Service archéologique grec et l’EFA conduisent de nouvelles recherches depuis 2008. L’Anavlochos dispose en outre de deux débouchés maritimes, à Sissi, où un important habitat minoen est en cours de fouille depuis 2007 sous l’égide de l’École belge d’Athènes, et à Milatos, où se développa une cité à l’époque archaïque.

De Malia à Itanos, la Crète orientale constitue un terrain de recherche important de l’EFA depuis le début du XXe s. Les fouilles françaises se sont en particulier concentrées dans la région du Mirambello, sur les sites de Lato, Sta Lénika, Olonte, Dréros et sur l’Anavlochos, qui reçut quant à lui l’attention des premiers explorateurs de la Crète dès la fin du XIXe s. Lors de sa visite, en 1893, Luigi Mariani nota ainsi le caractère cyclopéen des murs de terrasses qui couvrent en un arc de cercle tourné vers le Nord-Est les pentes du vallon central. Il y reconnut les vestiges d’une « cité préhellénique » comparables à ceux de Lato.

Le contexte micro-régional comme les vestiges mis au jour par ces premières explorations faisaient de l’Anavlochos un terrain d’étude exceptionnel pour documenter la période de transition qui sépare les palais des cités dans la région du Mirambello. C’est la raison pour laquelle l’EFA y a entrepris de nouvelles recherches à partir de 2015, sous la responsabilité de F. Gaignerot-Driessen.

Dans un premier temps (2015-2016), la prospection archéologique, topographique et géomorphologique de 150 ha massif a permis de relocaliser l’ensemble des vestiges signalés par P. Demargne et de préciser l’étendue, la nature et la chronologie de l’occupation antique. Il est ainsi apparu que celle-ci avait commencé à la fin du Minoen Récent IIIB sous la forme de petits habitats dispersés tout au long de la chaîne. Au Protogéométrique, la plupart de ces premiers sites résidentiels sont abandonnés au profit de ceux qui occupaient le vallon central. Un centre urbain s’y développe alors progressivement sur une dizaine d’hectares (fig. 5). Il est entièrement restructuré au Géométrique Récent et abandonné au début du VIIe s avt n. è. Au pied du vallon central, la nécropole de Lami se déploie sur environ 12 ha en de petits groupes de tombes de types variés couronnant les éminences qui jalonnent les pentes. Outre le dépôt votif signalé par Demargne à Kako Plaï, la prospection a également permis de localiser deux nouveaux espaces cultuels (dépôts 1 et 2) sur le sommet.

À partir de ces résultats et dans le cadre du nouveau contrat quinquennal de l’EFA des fouilles ont été engagées sur l’Anavlochos en 2017. Elles ont révélé l’existence de nouveaux groupes de tombes dans le cimetière. La fouille de l’un d’entre eux a permis de mettre au jour un espace de crémation situé entre deux tombes à fosse, malheureusement pillées. L’amoncellement de pierres qui recouvrait cet ensemble et le muret curviligne qui l’enclot semblent indiquer qu’il s’agissait d’un tumulus. Le mobilier retrouvé comprend de grands vases décorés du Géométrique Récent.

 Entre 2015 et 2018, la mission Anavlochos a bénéficié du soutien financier de l’EFA, de l’INSTAP, du programme ARC Crisis (UCLouvain), d’ARPAMED, de la Fondation Humboldt, du FNRS, du CNRS (EA 7338 et UMR 8167), du Cyprus Institute, des Universités de Caroline du Nord (UNC), Stanford, Cincinnati, Paris-Sorbonne, Bordeaux, Lorraine, Heidelberg et Cardiff.